Avons-nous gagné à la loterie cosmique?

Auteur: Robin Collins

Avons-nous gagné à la loterie cosmique? L’univers n’est-il que le fruit du hasard? Beaucoup de gens semblent le croire, et ils croient que c’est ce que la science a découvert. Pourtant, ce que la plupart des gens ignorent, c’est que la physique indique maintenant tout le contraire. Au cours des trente dernières années, les physiciens ont découvert que la vie dans l’univers se tient en équilibre sur le fil d’un rasoir. Ils avancent maintenant que, si les conditions initiales ou les lois de la physique avaient différé de ne serait-ce qu’un infime soupçon, aucun système physique complexe et capable de se reproduire n’aurait jamais pu exister.

Comme Freeman Dyson, éminent physicien de Princeton, le fait remarquer : « Et il existe bien d’autres accidents fort chanceux en physique atomique. Sans ces accidents, l’eau n’existerait pas sous sa forme liquide, les chaînons d’atomes de carbone ne pourraient pas se combiner en molécules organiques complexes, et les atomes d’hydrogène ne pourraient pas servir de ponts entre les molécules. »[i]

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Un des cas de réglage minutieux les plus impressionnants et les plus débattus est celui de la constante cosmologique, une condition dans l’équation de la relativité générale d’Einstein qui gouverne le taux d’expansion de l’univers. Si la constante cosmologique n’était pas réglée à au moins une partie sur 1053 — c’est-à-dire une sur cent millions de milliards, de milliards, de milliards, de milliards de parties – de ce que les physiciens considèrent comme sa série naturelle de valeurs, ou bien l’univers prendrait de l’expansion trop vite pour que les étoiles et les planètes se forment, ou bien il s’effondrerait sur lui-même de manière catastrophique. Dans un cas comme dans l’autre, aucune vie n’existerait.

En ce sens, l’univers est comme une biosphère, à savoir une structure précisément configurée dans le but de soutenir la vie. Si l’on trouvait une telle structure sur Mars, personne ne prétendrait que cette structure se soit produite par hasard, disons par une quelconque éruption volcanique lors de laquelle des métaux et des éléments auraient été éjectés exactement de la bonne façon. Une telle chose serait beaucoup trop improbable. On dirait plutôt qu’il s’agit de preuve incontestable d’une vie extraterrestre intelligente. De même, beaucoup de gens prétendent que le réglage précis de l’univers suggère fortement un genre de conception intelligente et transcendante.

Les athées ont offert deux explications principales au réglage précis. Certains athées prétendent que nous avons simplement une chance inouïe et qu’il n’y a rien d’autre à dire. Comme l’analogie de la biosphère l’illustre, cette explication semble toutefois être loin de satisfaire un grand nombre de gens.

On soutient plus couramment, surtout parmi les physiciens et les cosmologistes, qu’un certain processus physique (un « générateur d’univers ») génère une multitude d’univers régis par différentes lois physiques et conditions initiales. De même que si assez de billets de loterie sont générés, un billet est susceptible de porter le numéro gagnant, si assez d’univers sont générés, un univers est susceptible de comporter précisément les lois et les conditions initiales nécessaires à la vie. Et, bien entendu, les êtres ayant évolué dans cet univers regarderont en arrière et s’émerveilleront de la chance qu’ils ont eue.

Il faudrait cependant qu’un tel générateur d’univers soit régi par le bon ensemble de lois ou de méta lois pour qu’il puisse produire ne serait-ce qu’un seul univers dans lequel la vie serait possible, ce qui peut clairement se démontrer dans le contexte de la version la plus populaire de cette hypothèse — combinant cosmologie inflationniste et théorie des supercordes. Ainsi donc, cette hypothèse ne fait qu’accentuer le besoin d’un design en évoquant celui d’un générateur d’univers.

De toute façon, les sciences les plus fondamentales d’aujourd’hui ont transmis aux athées le fardeau de démontrer comment un univers régi aussi précisément que le nôtre aurait pu entrer en existence sans l’intervention d’un concepteur à l’intelligence transcendante.

Nous pouvons résumer notre argumentation comme suit :

1. L’existence d’un univers réglé avec précision et intégré d’une vie consciente (et de lois naturelles élégantes) n’a rien d’étonnant si Dieu existe.

2. L’existence d’un univers réglé avec précision et intégré d’une vie consciente (et de lois naturelles élégantes) est tout à fait étonnante si Dieu n’existe pas.

Conclusion : D’après la prémisse 1, la prémisse 2 et le principe de la surprise[ii], il s’ensuit que les données du réglage précis fournissent des preuves importantes en faveur du théisme et non de l’athéisme.

«Les scientifiques qui évoquent l’Esprit de Dieu ne font pas qu’émettre une série d’arguments ou avancer un processus de syllogisme. Ils avancent plutôt une vision de la réalité qui émerge du cœur conceptuel de la science moderne et qui s’impose à l’esprit rationnel. Cette vision, je la trouve moi-même percutante et irréfutable. »[iii]

Cet article est extrait du livret Questions cruciales, disponible en format PDF en ligne, ainsi que dans notre magasin. Utilisé avec permission.

À lire aussi: Pouvons-nous connaître le créateur de l’univers?

Robin Collins (PhD, Université Notre Dame, 1993) est professeur de philosophie au Messiah College, à Grantham, en Pennsylvanie. Il a écrit plus de vingt-cinq articles et chapitres de livres portant sur un grand nombre de sujets, comme le réglage précis du cosmos en tant que preuve de l’existence de Dieu et la théorie quantique de Bohm.

Il achève actuellement d’écrire un livre présentant les arguments en faveur du théisme fondés sur la physique et la cosmologie, qui s’intitulera peut-être The Well-Tempered Universe : God, Cosmic Fine- tuning, and the Laws of Nature.


[i] (www.uip.edu, tiré de Les dérangeurs de l’univers, Lausanne : Éditions Payot, 2006).

[ii] Selon le principe de la surprise, si un ensemble de données E est beaucoup plus surprenant selon une hypothèse H1 que selon une autre hypothèse H2 (non improvisée), alors E constitue une preuve importante en faveur de l’hypothèse H2 plutôt que l’hypothèse H1. En exemple de ce principe, considérons le cas de la découverte des empreintes du prévenu sur l’arme du crime. Normalement, nous verrions en cette découverte une preuve solide de la culpabilité du prévenu. Pourquoi? Parce que nous estimons qu’il serait très surprenant de trouver ces empreintes sur l’arme du crime si le prévenu était innocent, mais que cela ne serait pas surprenant si le prévenu était coupable.

[iii] Antony Flew, ancien athée et auteur de There is a God (HarperCollins, 2007)

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