C’était le matin du 24 décembre il y a quelques années et tout était presque en ordre.

« Bonjour, mon nom est Virginia et je vous ai appelé ce matin. »

« Bonjour, Virginia, je m’appelle Cheryl », a répondu la directrice funéraire. « Je vais m’occuper de vous. Veuillez entrer dans mon bureau. »

À ce moment-là, je ne savais pas à quel point elle allait s’occuper de moi. Cette jolie femme de quarante ans environ était sur le point de prendre part à un miracle — mon miracle.

« Je souhaite m’occuper de mon enterrement, ai-je dit. Mon mari et mes parents ont déjà dû faire face à tellement de choses », dis-je en retenant des larmes. « Je suis en ville pour peu de temps et je voulais tout organiser pendant que cela m’est encore possible. »

« Il n’y a aucun problème, Virginia, je suis heureuse d’être ici pour vous aider », répondit gentiment Cheryl.

Pendant l’heure qui a suivi, nous avons passé en revue mes choix. J’ai choisi le rose, rien de bien compliqué, juste le cercueil classique. Puis arriva la question tant redoutée : « Puis-je vous demander de quelle maladie incurable vous souffrez, Virginia? »

Je répondis immédiatement : « Le cancer. »

Puis vint la partie que j’ai encore du mal à comprendre.

Si vous étiez directeur funéraire et qu’une femme entre dans vos locaux en déclarant qu’elle est atteinte du cancer, lui diriez-vous : « Je souhaite vous dire que vous n’allez pas avoir besoin de tout ceci, mais je vais quand même tout organiser si vous le souhaitez? »

C’est ce que Cheryl m’a dit.

J’étais sous le choc. Après un moment je lui ai demandé : « Pourquoi dites-vous que je n’aurai pas besoin de tout ça? »

Pendant ce temps, je me disais que j’allais mourir et que c’est ce que les gens qui vont mourir préparent leurs obsèques. La seule différence, c’est que je souffre de dépression et non du cancer. Tout était prêt pour mon suicide. Je l’avais planifié en stockant des médicaments depuis des mois.

Cheryl a baissé la tête quelques instants, comme si elle se préparait pour ce qu’elle allait me dire. « Lorsque la secrétaire m’a appelé à la maison ce matin et m’a dit que quelqu’un venait pour préparer un enterrement, je savais que ce n’était pas nécessaire que je vienne; un collègue aurait pu vous aider. Mais, alors que je préparais les Fêtes, le Seigneur s’est adressé à moi. Il m’a fait comprendre que je devais vous dire que Jésus vous aime, Virginia. Il n’a pas encore terminé avec vous. Vous n’allez pas avoir besoin d’un enterrement en ce moment, mais si vous le voulez, je vais prendre note de vos désirs. Je veux que vous sachiez que je vais prier pour vous chaque jour. »

J’étais paralysée. Lorsque j’ai quitté la maison funéraire, j’avais l’impression de flotter jusqu’à ma voiture. Je sentais à peine mes jambes. Je me suis sentie bizarre le reste de la journée.

Noël est passé et je suis retournée à Orlando en Floride avec ma famille, sans comprendre ce qui se passait. De retour au travail, je repensais sans cesse à ce qui était arrivé pendant les vacances.

J’ai décidé de retourner à l’église et j’ai pleuré sans retenue en écoutant les sermons qui semblaient tous s’adresser à moi seule. Je crois en Dieu et je suis chrétienne depuis l’âge de 11 ans, mais je ne pouvais toujours pas croire ce qui m’était arrivé à la maison funéraire. Les histoires comme celle-ci n’arrivent toujours qu’aux autres. Vous savez ce que je veux dire, non? Et ce qui est plus important : pourquoi moi? Je n’avais pas demandé un miracle.

« Tu mélanges tout, car j’ai demandé que la douleur s’arrête, pas un miracle », ai-je dit à Dieu à haute voix. « Je ne suis pas quelqu’un de spécial. Je n’ai pas demandé de miracle et si mon frère n’en a pas eu, alors je n’en veux pas non plus. » Si mon frère avait bénéficié d’un miracle, je suis certaine qu’il n’aurait pas garé son camion dans le garage de mes parents en le refermant hermétiquement afin de tuer sa souffrance.

Je me sentais coupable, ne comprenant pas pourquoi Dieu m'avait envoyé quelqu’un pour me rappeler que Jésus m’aime alors que mon frère n’avait pas été traité de la même façon. Puis un jour, alors que je priais et pleurais, essayant de comprendre, j’ai reçu la paix. Le Seigneur me parlait si clairement : « Comment sais-tu que ton frère n’a pas bénéficié d’un miracle? J’aime tous mes enfants. Peut-être n’a-t-il pas accepté son miracle; mais ce n’est pas important que tu le saches. Aie confiance en moi et suis-moi, car je peux te donner la lumière que tu recherches. » Ce jour-là, j’ai accepté ce miracle.

Je devais appeler Cheryl pour la remercier et lui dire ce que j’avais l’intention de faire ce jour-là. « Cheryl, le jour où je suis venue à la maison funéraire, je voulais… »

Elle m’a interrompue et m’a dit : « Vous alliez mettre fin à vos jours. Je sais ce que vous vouliez faire. »

« Mais comment le saviez-vous? »

Sa réponse était confiante et débordait de foi. « Le Seigneur m’avait parlé ce matin-là. Il m’a dit que vous alliez venir pour organiser votre enterrement, car vous vouliez mettre fin à vos jours. Il m’a dit que je devais vous rappeler son amour pour vous, qu’il n’avait pas encore terminé avec vous et qu’il ferait le reste. »

J’ai souffert de dépression toute ma vie, car je n’ai jamais reçu l’aide médicale qu’il me fallait. Mais depuis ma conversion, je consulte un professionnel et aujourd’hui, je vais beaucoup mieux. Il y a toujours des moments où la dépression refait surface, mais ils sont plutôt rares, très espacés et beaucoup moins intenses.

Je me sens toujours fragile lorsque je pense à quel point j’étais proche de me suicider. Je remercie le Seigneur continuellement pour le miracle que j’ai reçu.

Si Cheryl n’avait pas obéi à Dieu cette veille de Noël, je suis certaine que mes parents auraient enterré leur dernier enfant, mes enfants n’auraient plus de maman et mon mari serait veuf.

Dieu nous offre à toutes et à tous un miracle, et c’est le miracle d’une relation personnelle avec lui.


Source de la photo : Brigitte Tohm sur Unsplash