La science a beaucoup aidé à améliorer la vie humaine sur cette terre. Nous devrions tous être très reconnaissants envers les scientifiques qui se dévouent à l’avancement de cette discipline, car nous en profitons beaucoup. Cependant, nous ne devons pas accorder à la science une autorité qui dépasse ses limites, en imaginant qu’elle puisse tout expliquer à elle seule. Nous oublions parfois que lorsque cela vient à la quête de la vérité, la méthode scientifique1 exige l’observation et l’expérimentation. Ce ne sont pas toutes les formes de vérité qui peuvent se plier à de telles exigences. Voici quelques formes de vérité auxquelles la méthode scientifique ne peut s’appliquer :

1) La vérité existentielle : La méthode scientifique se fonde sur la prémisse que l’univers physique existe réellement et que nous pouvons nous fier à nos sens et à la logique pour découvrir les lois qui le régissent. Cependant, la science n’offre aucune façon de prouver que l’univers existe vraiment. Elle ne peut pas démontrer que tout ce que nous pensons être réel n’est pas simplement une illusion résultant de la manipulation d’un cerveau par des pulsions électriques (un concept que nous trouvons dépeint dans les films La Matrice et Inception). La science ne peut pas non plus prouver que l’univers n’a pas été créé il y a cinq minutes de telle façon à ce qu’il donne l’illusion qu’il date de longtemps. (De même, elle ne peut pas démontrer que tous nos souvenirs n’ont pas été implantés en nous au même instant.) Nous présumons l’existence d’un univers physique géré par des lois naturelles en nous fondant sur la logique et sur nos sens; nous ne pouvons pas le prouver, de même que nous ne pouvons pas prouver qu’il n’existe pas. Cela dit, il est tout à fait rationnel de croire que l’univers que nous percevons existe réellement; en fait, c’est l’explication la plus simple et cohérente des faits qui se présentent à nous.

2) La vérité morale : La science n’offre aucune façon de prouver qu’un acte tel que le viol est mal. Les scientifiques peuvent certes se prononcer sur les effets psychologiques et physiques du viol, mais il n’existe aucun test scientifique capable de discerner si quelque chose est mal ou bien. La science se limite à la description du monde tel qu’il est. La vérité morale dépasse ce cadre : elle se fonde sur l’assurance innée que certaines choses devraient être et que certaines autres choses ne devraient pas être.

3) La vérité logique : Réfléchissons ensemble à cette déclaration : « Ce n’est que par la science que nous pouvons vraiment connaître la vérité. » La science peut-elle prouver la véracité de cette déclaration? Existe-t-il une expérience scientifique qui prouve que nous ne pouvons pas connaître la vérité autrement que par la science? Sinon, cette déclaration se réfute d’elle-même, et nous pouvons la déclarer fausse.

Pour affirmer la fausseté de cette déclaration, nous n’avons pas fait appel à la méthode scientifique, mais à la logique. La science se fonde sur la logique et ne peut subsister sans elle, mais la logique peut aussi servir à réfuter ou à confirmer des affirmations que la science ne peut ni prouver ni nier.

4) La vérité historique : Nous ne pouvons pas faire appel à la science pour prouver que Barack Obama a été élu président des États-Unis en 2009. Les faits historiques se prouvent différemment des faits scientifiques, parce que les événements historiques sont figés dans le temps et ne se répètent pas. Quand cela vient aux faits historiques, nous nous appuyons plutôt sur la fiabilité des témoins oculaires et la cohérence de leurs témoignages. Nous faisons aussi appel à une analyse historique des documents de l’époque qui décrivent et préservent les détails de ces faits (livres, articles, photos, enregistrements).

5) L’expérience humaine : La science ne peut pas prouver que vous aimez votre conjoint. Si l’on vous demande des preuves à cet effet, vous ne ferez pas appel à une expérience scientifique. Vous citerez plutôt des exemples de comportements qui démontrent votre amour pour lui, ou vous partagerez vos sentiments à son égard. La science ne peut pas confirmer votre vécu personnel. Pour découvrir ce que vit une personne, nous devons nous fier à son partage et aux partages des autres à son sujet.

Ce n’est pas pour critiquer la science que je dis tout cela. Nous pouvons faire appel à la méthode scientifique pour tester toutes sortes d’hypothèses scientifiques. Je veux tout simplement affirmer que la science ne peut pas tout tester ni prouver, et qu’il existe des catégories de vérité qui dépassent son cadre d’action.

C’est le cas des cinq catégories de vérité mentionnées ci-dessus : nous ne pouvons pas faire appel à la méthode scientifique pour les découvrir. Ils exigent d’autres moyens de vérification : la rationalité, la logique, la conscience, l’investigation historique et le partage du vécu.

Il existe une autre forme de vérité qui est en fait une combinaison de toutes ces sources de vérité, agrémentées d’une sixième, la révélation de la vérité absolue par un être omniscient. Il s’agit de la vérité en matière de religion, qui ne se prête pas à l’investigation scientifique.

Pourquoi alors avons-nous l’impression que la science offre des réponses claires et sans controverse, tandis que la vérité en matière de religion semble difficile à cerner et sujette aux disputes?

Peut-être est-ce parce que la vérité en matière de religion est beaucoup plus difficile à découvrir du fait qu’elle se fonde sur plusieurs catégories de vérité : il nous faut une combinaison de connaissances en matière de science, de logique, de philosophie, d’histoire, d’éthique, de révélation et d’expérience personnelle pour bien cerner la vérité en matière de religion. En fait, la vérité en matière de religion se découvre par l’étude concomitante de toutes ces catégories de vérité.

Cela ne devrait pas nous surprendre que la découverte de Dieu dépasse le cadre de la science. L’existence de Dieu est d’un tout autre ordre que l’existence de l’Univers. Nous ne pouvons pas disséquer Dieu sous un microscope ou le trouver avec un télescope. Certes, toutes les disciplines peuvent nous révéler des faits à son sujet, mais aucune discipline en elle-même ne peut tout nous révéler sur lui. Toutes les disciplines sont nécessaires, mais aucune n’est suffisante en elle-même.

Si tel est le cas, comment une personne devrait-elle partir en quête de Dieu? Cela semble si complexe : par où commencer?

Dans son roman, Five Sacred Crossings, Craig Hazen, auteur et érudit en matière de religion, présente cinq raisons pour lesquelles nous devrions étudier la foi chrétienne en premier :

1) Nous pouvons la vérifier. La foi chrétienne n’offre pas simplement des croyances ésotériques : elle offre aussi des revendications précises concernant la logique, la science, l’histoire, la philosophie et la réalité, revendications que nous pouvons vérifier en faisant appel aux autres disciplines. 2) Elle présente une vision cohérente du monde. Elle n’exige pas de ses adhérents que ceux-ci nient la réalité de la vie sur cette terre. Elle explique plutôt pourquoi les choses sont telles qu’elles sont. 3) Elle présente une vision cohérente de la vie. La foi chrétienne n’exige pas que les gens croient une chose tout en vivant autre chose. La foi se vit au quotidien et influence tous les domaines de la vie. 4) Elle présente la vie éternelle comme cadeau de la main de Dieu, librement offert à tous. Toute autre religion prétend que nous rejoignons Dieu par nos propres mérites. Mais au cœur du message chrétien, nous trouvons la grâce : Dieu vient vers nous en la personne de Jésus-Christ pour nous offrir librement en cadeau un pardon complet, une transformation de vie et une relation éternelle avec Dieu. Nous n’avons aucunement à mériter tout cela. Il suffit d’accueillir de plein cœur tout ce que Jésus nous offre gratuitement. 5) Jésus se trouve au cœur de cette foi. Jésus est le personnage le plus fascinant et controversé de l’histoire. Beaucoup d’autres religions disent le respecter, mais la foi chrétienne se fonde entièrement sur sa vie, son œuvre et son identité. Pourquoi ne pas commencer votre quête en venant à le connaître?

Alister McGrath a accepté ce défi. Il est détenteur de deux doctorats de l’université Oxford : un doctorat en biophysique moléculaire et un doctorat en théologie. Il décrit ainsi son cheminement spirituel :

« À ma surprise, c’est à Oxford que j’ai découvert la foi chrétienne. C’était l’expérience intellectuelle la plus exhilarante et spirituelle que je puisse décrire — mieux que la chimie, un sujet que je considérais alors comme la grande passion de ma vie et ma carrière future. J’ai obtenu un doctorat d’Oxford en biophysique moléculaire, et j’ai trouvé cela excitant et satisfaisant au plus haut degré. Je savais toutefois que j’avais trouvé quelque chose de meilleur — la perle de grand prix dont Jésus parle dans les évangiles, une perle si belle et rare que tout pâlit en sa présence. Cette perle satisfait les aspirations les plus profondes de mon intellect et de mon imagination, et je m'extasie devant sa beauté » (notre traduction).

Alister McGrath, The Future of Atheism: Alister McGrath & Daniel Dennett in Dialogue, (London, England: Fortress Press, 2008), 27.


Source de la photo : Teddy Kelley