Ils sont fous ces Irlandais!

Auteur: Nathalie Peatier

«  Ah! Vous êtes un couple mixte !» Par cette remarque, notre interlocuteur ne voulait pas souligner le fait que nous étions bien un homme et une femme, mais plutôt que mon mari était irlandais et moi française.

« Mais c’est génial! » entendait-on encore, « vos enfants seront bilingues! ». C’est sûr, les mariages interculturels sont bien une source de richesse, de découverte et de nouveauté, mais qui dit nouveauté, dit aventure, et qui dit aventure, dit stress et parfois (souvent) « galères ».

Pourtant, nous étions des candidats idéals pour ce genre d’exercice. Mon mari avait visité de nombreux pays et vivait au Portugal quand nous nous sommes rencontrés. Quant à moi, je caressais depuis longtemps le rêve d’aller vivre en Irlande, ce pays béni des dieux où l’herbe est toujours verte (ça c’est vrai) et les autochtones chaleureux et toujours prêts à descendre une pinte de Guinness avec les voyageurs de passage (c‘est vrai aussi).

D’où ma surprise (mauvaise) lorsque je me suis retrouvée à pleurer presque quotidiennement la première année de mon mariage. Je parlais pourtant couramment anglais, et j’avais un bon travail. Oui, mais mari ne parlait pas un mot de français ( non, en fait je dois tomber dans l’exagération une fois encore (comme dirait mon cher époux): en plus des « bonjours, bonsoirs » de base, il savait dire « lapin » (prononcé « lapine ») et bouquet (prononcé  « bouquette »). Mots qui s’avérèrent par la suite d’une utilité assez limitée), et il n‘avait pas de travail.

Et bien sûr, nous vivions en France.

Le charme français qui l’avait au départ séduit, commença à s’évaporer quand, bien qu’il apprît extrêmement vite la langue de Molière, mes concitoyens considérèrent comme un devoir patriotique de corriger toutes ses fautes dès qu’il avait le malheur d’ouvrir la bouche.

Au stress du choc culturel auquel il était soumis, s’ajouta le fait que nous ne nous comprenions plus du tout. Entretenir une relation profonde dans une langue, même bien maîtrisée, qui n’est pas sa langue maternelle est un exercice périlleux. Des deux côtés, les nuances subtiles  nous échappent et une mauvaise communication peut vite dégénérer en dispute (ce qui, dans une langue étrangère s’apparente à  de la haute voltige). Les mots peuvent dépasser la pensée sans même que l’on s’en rende compte, et la frustration qui naît de ne pouvoir s’exprimer comme on le voudrait rajoute de l’huile sur le feu.

Bien évidemment, il ne faut pas oublier tous les implicites culturels qui sont comme des mines anti-personnelles, toujours prêtes à vous exploser au visage quand on s’y attend le moins. Par exemple, lors de mes séjours outre-mer, moi qui rêvais des pubs irlandais, j’en étais venue à ne plus supporter l’idée de sortir plus que fréquemment, tous en famille, pour aller descendre une « pinte » à l’un des quatre ou cinq pubs que contient en moyenne tout petit village qui se respecte. Pourtant, en Irlande, c’est le lieu où famille et amis se retrouvent pour discuter et cette habitude s’apparente au sacro-saint repas dominical français. Je me souviens encore de la tête de ma mère lorsqu’un de mes beaux-frères, venu passer Noël avec nous en France, s’est levé à la fin du réveillon de cette douce nuit de Noël pour demander à mon mari où était le « pub » le plus proche!

Ce qui est normal pour les uns, est choquant pour les autres, et même si on s’en défends, nos préjugés ont la vie dure. Evidemment, me direz-vous, le plus grand choc culturel pour un homme, c’est de vivre avec une femme, et vice-versa. Mais le fait de venir de deux pays différents rajoutent une nouvelle dimension à la difficulté. Même en venant de deux pays européens, c’est loin d’être gagné d‘avance, croyez-en mon expérience!

Et pourtant, cela n’a rien d’impossible (Qui a dit « Impossible n’est pas français? »). Nous nous apprêtons même à fêter en 2015 nos vingt-deux ans de mariage ! (J’entends déjà mon mari clamer la version irlandaise de « A cœur vaillant, rien d’impossible! »).

Alors, y a-t-il une recette pour réussir ? Je ne crois pas, mais quelques règles de base à respecter :

  • Tout d’abord, accepter que les habitudes des autres ne sont pas idiotes (et pourtant…!), elles sont justes différentes.
  • Ensuite, rester toujours prêt ( e) à se remettre en question.
  • Enfin avoir des réserves d’amour, de persévérance et des priorités communes.

Je ne peux aujourd’hui penser à cet anniversaire sans me rappeler que si nous n’avions pas eu une foi commune en Dieu, nous ne serions pas ensemble pour le célébrer. Notre volonté de mettre Dieu à la première place dans nos vies personnelles Lui a permis d’agir dans nos cœurs et, sans aucun doute possible, de sauver notre mariage. Celui qui a tout créé et qui se réjouit de la diversité nous a permis de dépasser nos différences. Cela ne s’est pas fait sans mal ni pleurs, mais je crois que nous en sommes ressortis grandis et plus tolérants.

Quelque soit notre couple, ces règles sont néanmoins bonnes à retenir, car n’oublions pas que même lorsque nous partageons une même nationalité, nous arrivons tous dans le mariage avec un héritage familial qui pourra dérouter, exaspérer ou menacer notre conjoint. Ce qui veut dire que dans tous les cas, si nous voulons réussir notre vie de couple, il ne faut pas avoir peur de retrousser les manches, et pourquoi pas… se mettre à genoux pour appeler « au secours ».

Avez-vous besoin de prière pour votre couple? Nous aimerions prier pour vous .

A lire aussi:  Le véritable langage d’amour, c’est la communication

Print


Aucun commentaire

Afficher vos commentaires

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.