Le petit caillou

Auteur: Marie-Josée Fortin

french2Il était une fois, alors que le monde était encore jeune, une majestueuse montagne qui s’élevait fièrement jusqu’aux nuages. Dans toute sa hauteur, elle était souvent affectée par les intempéries et un jour, un orage particulièrement violent s’approcha d’elle et un éclair lui en frappa le flan. Un énorme bloc se détacha et déboula la pente, se brisant en de multiples fragments. Un des plus petits morceaux roula et s’arrêta tout près d’une falaise. Et c’est à cet endroit qu’il attendit exactement 4 218 années, 3 mois et 2 jours qu’une petite chèvre des montagnes s’aventure un peu plus haut que d’habitude. Elle cherchait quelque chose de délicieux à manger, mais ne trouvant rien, elle rebroussa chemin, accrochant le sage caillou qui tomba au bas de la falaise dans un ruisseau qui y zigzaguait. Il y sombra au fond et commença un long pèlerinage.

À chaque grosse pluie, il était soulevé par les eaux gonflées et roulait de quelques centimètres à la fois. Pendant plusieurs centaines d’années, la petite roche avançait progressivement jusqu’à un été un peu plus sec où elle se retrouva mélangée à de la boue dans un endroit plus plat. Un cheval passa par là et marcha sur le caillou, qui se logea dans son sabot, collé par la boue. L’animal continua son parcours jusqu’à ce qu’il finisse par perdre patience, irrité par ce passager indésirable. Son maître, réalisant l’inconfort de sa monture, descendit du cheval et découvrit le caillou. Avec son couteau, il délogea rapidement le coupable, qu’il lança au loin. Et le petit caillou se retrouva au milieu d’une plaine, près d’un torrent, à attendre à nouveau.

Les saisons passèrent et le caillou resta à dorer au soleil jusqu’à ce qu’un jeune homme l’aperçoive. Il se pencha et le ramassa. Après l’avoir examiné pendant quelques secondes, il le glissa dans son sac. Il s’avança vers un homme très grand, discuta quelques instants. Il prit ensuite le caillou, l’installa dans sa fronde et après l’avoir fait tourner à quelques reprises, il lâcha la pierre qui frappa l’homme nommé Goliath, et le terrassa. David avait vaincu l’ennemi de son peuple.

Pour connaître le récit de David et Goliath, et sa suite, vous pouvez lire 1 Samuel 17, dans la Bible. Mais la perspective du caillou a un aspect particulier. Il a été l’instrument dans la main d’un futur roi dans la délivrance du peuple de Dieu. Il a été créé dès la fondation du monde dans ce but merveilleux. Il a été formé au travers des années, des épreuves et de beaucoup de patience afin d’être utilisé dans un exploit extraordinaire.

Je me demande si je suis aussi sage que ce petit caillou. Est-ce que je suis prête à faire preuve de patience lorsque Dieu me forme peu à peu? Est-ce que j’accepte le rôle que Dieu a pour moi ou est-ce que je préfère le rôle de la montagne, si majestueuse? Mais la montagne n’a pas été l’instrument de la délivrance. Tous la voient, mais son rôle fut moindre. Parfois, les épreuves sont difficiles, mais elles me forment, petit à petit. Ma prière est que Dieu continue de me former et qu’il m’utilise selon son plan, et surtout que j’accepte la volonté qui est la sienne.

Maintenant, personne ne sait ce qu’est devenu ce sage petit caillou, mais peu importe — il a accompli son rôle au moment voulu.

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