Les défis de l’adoption

Auteur: Carol

« Vous savez, Madame Doerksen; il est très peu probable qu’un couple qui n’est pas arménien pourra adopter un enfant arménien. Ce n’est pas illégal; seulement très rare. » Combien de fois entendrais-je ce même sentiment pendant notre processus d’adoption? Nous aimions les Arméniens, qui nous avaient reçus chaleureusement dans leur église en France. Nous avions beaucoup d’amis arméniens qui m’ont même dit que je pourrais me faire passer pour arménienne. Mais mon mari et moi n’avions aucun ancêtre arménien. Les gens qui savaient combien il est difficile d’adopter dans ce pays nous encourageaient à ne pas abandonner, mais sans pouvoir nous offrir beaucoup d’espoir.

Nous avons persisté courageusement. Au moins mon mari l’a fait Il était convaincu que Dieu nous avait dirigés vers l’homme d’affaires de Yerevan qui finirait par nous aider à adopter notre fille, Lauren. Après avoir été accepté comme parents adoptifs, quelques années s’étaient écoulées pendant que nous considérions nos options et attendions la proposition d’un enfant de la part d’une agence d’adoption. Au milieu de tout cela, nous avons découvert à notre grande surprise que j’étais enceinte; mais j’ai perdu ce bébé à 12 semaines. Et maintenant, nous étions très perplexes.

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Qu’est-ce que Dieu voulait nous dire? C’est pendant cette période de réflexion que mon mari a rencontré Hovik alors qu’il était en voyage d’affaires avec un collègue. Hovik a proposé de nous aider à traverser ce processus et à nous accueillir en Arménie, et il nous a rassuré que nous allions nous retrouver avec un bébé dans nos bras. Nous avons alors fait des pas de foi. Il y avait encore des formulaires à remplir et des dossiers à compléter selon la loi arménienne. Des mois sont passés, une année même, sans que l’on reçoive des nouvelles de notre ami. Que faire maintenant? Attendre encore? Abandonner? Nous avions fait une grande partie du chemin et nous ne savions pas revenir en arrière. Il fallait continuer. Nous avions prié si longtemps, et notre fils attendait l’arrivée de sa petite sœur avec impatience.

Enfin, nous avons reçu un coup de fil. Nous étions acceptés comme parents adoptifs en Arménie. Ron devait faire un premier voyage seul afin de remplir les formulaires et trouver un enfant. C’était l’hiver et il y est resté 2 semaines. Il était souvent tenté de prendre l’avion et de revenir à la maison. La culture, la nourriture, les odeurs, l’incapacité de communiquer, les malentendus : nous pensions parfois que c’était de la folie. Mais avec l’aide de notre nouvel ami, Ron a pu tout faire. Il est revenu encouragé et très reconnaissant pour la façon dont Dieu était intervenu. Il avait vu un nouveau-né, une petite fille, et nous en avions des photos. Nous priions pour elle.

Après quelque temps encore, ils nous ont contactés. « Tout va bien. Dépêchez-vous de venir en Arménie et nous allons finaliser l’adoption. Mais ce n’est pas la petite fille que tu as vue, Ron. » Quoi? Cet enfant pour lequel nous avons prié, que nous avions commencé à appeler Lauren dès le début, ne serait pas la nôtre? Nous sommes arrivés en Arménie un jour férié. Nous avons dû attendre encore une fois avant de la rencontrer. Mais quelle joie après tant d’anticipation, tous ces hauts et ces bas, de pouvoir enfin voir et toucher ce bébé! Elle était si belle et si animée. Tout ce qu’il nous restait à faire, c’était de signer quelques formulaires et demander un passeport et un visa. Une fois que tout cela serait fait, elle pourrait revenir avec nous dans l’avion. Mais cela s’est avéré plus compliqué que prévu. Ron a dû rentrer en France pour s’occuper de notre fils, me laissant indéfiniment en Arménie. Notre traductrice partait aussi, ainsi que Hovik, qui partait en voyage d’affaires. J’allais être seule, dans un pays étranger, sans pouvoir parler la langue et sans connaître personne.

J’ai paniqué, j’ai pleuré, j’ai prié. J’ai dit à Dieu : « Si seulement je pouvais parler arménien, je n’aurais pas aussi peur. » Et Dieu m’a répondu : « Carol, quelle différence cela fait-il si tu parles arménien ou non? Serais-je plus fort ou plus capable de prendre soin de toi si tu parlais arménien? » Mon niveau de stress a commencé à diminuer. Dieu agissait; je pouvais donc me détendre. Tôt après, j’ai découvert que des amis arméniens venaient à Yerevan! Ils arriveraient dans quelques jours! Et en plus, j’ai appris qu’il y avait une église dans le quartier où j’étais logée. Le personnel de l’église parlait anglais. De plus, ils avaient accès à l’internet, ce qui m’a permis de rester en contact avec ma famille et mes amis. Le Seigneur a pourvu de façon spectaculaire! J’allais pouvoir survivre à cette attente et même bien la vivre.

Les jours sont passés — parfois rapidement, parfois lentement — remplis de visites quotidiennes à l’orphelinat, de temps passé avec mes amis et de détails administratifs. Ce temps était précieux; le bébé commençait à comprendre que j’étais sa mère. Ses petits sourires devenaient de grands sourires et elle ne pouvait pas retenir sa joie. Je me rendais compte que ce temps à part avec elle était un moment d’attachement précieux. Le fait que je suis restée si longtemps dans son pays m’a permis de mieux le connaître afin que je puisse lui raconter plus tard des histoires concernant l’hospitalité et la générosité arméniennes. J’ai de beaux souvenirs du jour où j’ai pu la présenter à mes nouveaux amis à l’église du quartier que je fréquentais.

J’ai souvent entendu dire que l’adoption n’est pas pour les âmes sensibles. Je dois avouer que par moments, je désirais abandonner. Mais lorsque je ne pouvais plus supporter l’idée des risques que nous prenions, mon mari a continué à croire à la promesse qu’il avait reçue de Dieu et nous avons persévéré ensemble. Nous avons découvert que Dieu est un Dieu qui agit en faveur de ceux qui comptent sur lui. (Esaïe 64.3)

Lauren sera bientôt adolescente. Elle est belle, intelligente, sportive et comique. Et elle est compliquée. Elle souffre des difficultés typiques qui font de l’adoption un grand défi, quel que soit l’âge de l’enfant lors de son adoption. Si le processus de l’adoption est un parcours de combattant, le fait d’élever un enfant adoptif l’est aussi. Si j’avais à le refaire, le referais-je, sachant maintenant ce que j’ignorais alors? Certes, oui! Nous ne pouvons pas imaginer notre vie sans l’entrain et la joie qu’elle apporte à notre famille. Avons-nous commis des erreurs en tant que parents? Nous ne pouvons même pas les compter. Mais je sais que Dieu a créé notre famille et qu’il est en train d’accomplir sa volonté dans la vie de Lauren et dans la nôtre aussi. Elle avait besoin de nous; mais nous avions aussi tant besoin d’elle!

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